Les Bretons nettement opposés à Sarkozy
Ci-dessous deux articles du Ouest France :
La Bretagne a préféré Royal
Paru dans l'édition du lundi 7 mai 2007
52,62 % pour Ségolène Royal, 47,38 % pour Nicolas Sarkozy. L'arbitrage des centristes a joué contre le nouveau locataire de l'Élysée.
Giscardienne, le 10 mai 1981 - Côtes-d'Armor mises à part - quand la France propulsait Mitterrand à l'Élysée, puis totalement mitterrandienne sept ans plus tard. Chiraquienne, d'un souffle, en 1995 et, à nouveau, en 2002, pour faire barrage à Le Pen, la Bretagne a majoritairement affiché, dimanche, un penchant pour Ségolène Royal. Accroché aux escarpins de cette dernière au soir du 1er tour (1/3 de point d'écart) le nouveau président de la République a donc finalement été nettement dominé par sa rivale, hier, sur le sol armoricain.
Vendredi, la porte-drapeau de la gauche avait consacré la dernière étape de son tour de France à la Bretagne « terre d'un socialisme tempéré et réformiste » dans l'espoir de convertir à ses thèses le gros des électeurs bayrouistes (22,55 %) du 22 avril, à défaut de disposer de réserves importantes dans son propre camp (11 %). Opération payante. L'électorat Bayrou a majoritairement opté en faveur de Ségolène Royal, sachant que, globalement, il n'y a pas eu de défaillance du corps électoral : près de 88 % de votants à nouveau.
La candidate socialiste a gagné presque tous ses duels dans les villes moyennes (Morlaix, Lannion, Guingamp, Fougères, Lanester...) et les petites cités qui comptent au coeur du maillage territorial (Dinan, Pontivy, Landerneau, Lamballe, Hennebont, Quimperlé, Concarneau, Paimpol...). Et surtout, elle a gagné dans les grands pôles urbains : Rennes, Brest et Lorient, ses fiefs ; mais aussi Saint-Brieuc et Quimper, passées, la première, sous la bannière d'un maire... UDF, l'autre sous celle de l'UMP Alain Girard, en 2001. Seules Vannes (de peu) et Saint-Malo confirment leur ancrage à droite. Idem le Morbihan, unique département à avoir préféré le vote Sarkozy.
Tout ça promet dans la perspective des législatives, et même des municipales de 2008. « Nos amis centristes ont majoritairement voté pour Royal. Attendons les législatives. La gauche aurait tort de croire que la Bretagne s'est convertie au socialisme », commente Ambroise Guellec (UMP). « La Bretagne confirme son attachement aux valeurs portées par Ségolène Royal, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de progrès économique sans solidarité sociale », se réjouit Jean-Yves Le Drian, président du conseil régional. Confiant dans l'issue des prochaines joutes électorales.
Alain GUELLEC.
18 circonscriptions sur 26 ont voté pour Royal
Les 10 et 17 juin, ce sera une autre histoire.
Du rose sur la Bretagne, le Centre-Ouest et le Sud-Ouest ; du bleu sarkozyen presque partout ailleurs : la nouvelle carte politique du pays est facile à lire. La Bretagne a donc penché en faveur de Ségolène Royal. Avec plus de 5 points d'avance - 101 800 voix - sur son adversaire, la présidente de Poitou-Charentes l'a emporté nettement sur le nouveau locataire de l'Élysée. Elle peut dire merci à l'électorat centriste du 1er tour dont le report de voix massif lui a profité. Phénomène d'ailleurs observé partout où le Front National n'avait réalisé que de très faibles scores, deux semaines auparavant.
La Bretagne à babord : une évidence. Son conseil régional s'est ancré à gauche au printemps 2004. Exception faite du Morbihan, trois de ses quatre conseils généraux idem, aux dernières cantonales. Et, bien avant la présidentielle, cette même gauche détenait une forte proportion des gros centres urbains, des villes moyennes et des petites cités autour desquelles se bâtissent des zones de vie.
Le 2e tour élyséen n'a pas entamé ce capital électoral. Au contraire. Les Breton (ne) s ont offert 52,62 % de suffrages à Ségolène Royal. L'Ille-et-Vilaine, le Finistère et les Côtes-d'Armor ont affiché très nettement leur « royalisme ». Saint-Brieuc et Quimper sont revenues dans le giron socialiste et, dans le chef-lieu du Finistère, la droite a même subi une véritable correction : près de 20 points d'écart ! Enfin, à quelques rares exceptions près (Vitré, Ploërmel, Pont-l'Abbé, Auray...), les petites cités bretonnes ont toutes opté pour Ségolène Royal. Même Dinan !
De quoi donner des bouffées d'optimisme à la gauche avant les élections législatives ? Sûrement, même si Ambroise Guellec (UMP) ne serait pas étonné de voir la majorité sarkozyste « avoir de bons résultats en juin » (lire par ailleurs). N'empêche ! Dimanche, en Ille-et-Vilaine, quatre des sept circonscriptions ont voté Royal, dont deux tenues par un élu UMP. Le Finistère en a offert sept sur huit (dont trois UMP) à la gauche. Les Côtes-d'Armor, cinq sur cinq (dont une UMP). Seul, le Morbihan conserve sa singularité régionale avec une majorité de quatre circonscriptions toujours à droite (une virtuellement perdue) contre deux à gauche. Soit, au total, 18 circonscriptions bretonnes en apparence acquises à la gauche contre 8 à la droite, alors que cette dernière en représentait 16 sur 26 à l'Assemblée depuis cinq ans.
Gare toutefois au prochain scrutin et aux éventuelles triangulaires, sans préjuger de possibles négociations à venir entre les socialistes et les centristes. En juin, c'est sûr, on ne sera plus dans le virtuel.
Al. G.
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