CITOYENS DU MONDE

Les élections municipales intéressent beaucoup les français, c'est un fait. Jamais une campagne électorale n'avait pris autant d'ampleur sur internet. Une grande partie des français avoue consulter les sites internet officiels des candidats, des sites d'information locale ou encore des sites ou blogs de citoyens… Indéniablement, le net ne peut être qu'une obligation pour les candidats de petites et grandes villes. Certains furent en avance, on pense au collectif Vivre Vitré Autrement mené par Pierrick Morin, déjà présent sur le net depuis juin 2007. On pense aussi à la liste Dinan, Ensemble et Autrement menée par Bertrand Elise qui depuis novembre échange avec les internautes et a obligé ses adversaires à se plier à l'exercice depuis début février (…). Et cela concerne aussi les plus petites communes, comme Pleudihen (2500 habitants) et sa liste Pleudihen Alternative.

image : Blog de Bertrand Mertz (PS Thionville)

Ce glissement de la campagne de la télévision vers le net s'explique indéniablement par la complexité des enjeux et contextes locaux. Une chaîne de télévision ne peut couvrir trop de villes et souffre de son format de diffusion. Les reportages consacrés à telles ou telles villes sont toujours trop courts pour y développer les enjeux.

Cette nouvelle donne médiatique inquiète beaucoup l'UMP, c'est le moins que l'on puisse dire. La télévision ne pouvant trop influencer les électeurs comme lors des campagnes nationales de 2007. Celle-ci se jette sur les « coups médiatiques » de la campagne tel les propos du marseillais Jean-Claude Gaudin sur les journalistes de Libération, le « quel tocard ! » et autres gaffes de « Panaf » (Françoise de Panafieu à Paris) et surtout le « petit meurtre (politique) entre amis » de Neuilly… Ce qui en plus ne lui est pas favorable.

Et miracle… on parle enfin des vrais enjeux presque partout. Dans de nombreuses villes la campagne se joue sur le concret. De l'élection de votre conseil municipal découlera bien sûr votre Maire, mais pas seulement. Localement l'élection compte double puisqu'elle engendrera la composition du conseil intercommunal (Codi à Dinan et Vitré Communauté pour la cité du Val de Cantache) qui possède aujourd'hui des compétences très étendues (à condition de s'en servir bien évidemment) tel l'aménagement du territoire, la petite enfance, la politique culturelle ou touristique, la gestion de l'eau… donc des compétences transversales et très liée à la vie quotidienne de tout à chacun. Alors, ce retour vers des campagnes « saines » et moins médiatiquement « pollué » pourrait-elle engendrer un mouvement du local vers le global ? La réponse est institutionnellement OUI…

En élisant au mois de Mars prochains vos conseillers généraux et conseillers municipaux, les français élisent aussi des « grands électeurs » (Le collège électoral comprend environ 150 000 personnes : 577 députés, 1 870 conseillers régionaux, 4 000 conseillers généraux et 142 000 délégués des conseils municipaux) qui éliront de nouveaux Sénateurs… Le Sénat est la deuxième chambre parlementaire avec l'Assemblée Nationale. Ce système d'élection est vouer à favoriser la stabilité politique… et quelle stabilité ! toujours à droite depuis 1958 ! Mais à la suite des dernières élections cantonales et régionales de 2004, largement remporté par la gauche, le Sénat avait connu un réel rééquilibrage…

Alors une grosse gifle comparable à 2004, pourrait-elle engendrer un basculement historique de la majorité au Sénat ? Question peu évidente à répondre compte tenu de la complexité même de cette élection au suffrage universel indirect. En 2008, un tiers des sièges sont « remis en jeu », comme en 2004. Le glissement, si glissement à gauche il continue de s'y produire, sera lent et sur la durée. Mais lors de ces élections municipales, les « petits » électeurs que nos sommes auront la charge de renouveler le collège de « grands électeurs » (144 000 sur 150 000), donc de quoi changer la donne sur le long terme.

Mais indéniablement, même si les élections municipales bénéficient de campagnes locales basés sur la confrontations de projets locaux, elles auront des répercutions sur le champ politique national. Si l'UMP gagne ou « sauve les meubles », ses représentants le traduiront comme un encouragement à l'accélération de la destruction de l'Etat. A l'inverse, une défaite lourde de la droite obligera celle-ci à respecter les électeurs, car faute de l'écouter, elle sera forcer d'au moins la respecter un peu plus, la sanction étant désormais si proche…

Les gauches locales obtiennent d'excellents résultats dans leurs collectivités locales. Assurément, ces prochaines échéances sont aussi, pour la gauche, une formidable occasion de proposer une multitude de nouvelles expérimentations de politiques publiques et au fond de convaincre les français à l'alternance durable.

Par Jérémy