CITOYENS DU MONDE

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C’est nous les africains

 

Afrique française de l'Ouest, 1857. Faidherbe, le gouverneur général est en manque de troupe. La métropole n'envoie plus que trop rarement ces enfants pacifier les colonies. Alors, il fallut trouver une solution. Et pourquoi pas des troupes indigènes? Après tout, les « laptots » de la Compagnie des Indes protégent bien les bateaux qui naviguent sur le fleuve?

 

Le 21 Juillet de cette même année, Napoléon III signe le décret de Plombières, les tirailleurs sénégalais sont nés.

 

 

 

 

La France rachètera des esclaves et enrôlera ces prisonniers de guerre mais il y aura aussi des volontaires qui viendront de toutes l'Afrique Noire dans l'espoir d'une vie meilleure. La classe dirigeante traditionnelle africaine fournira les sous-officiers. Ils seront les Cerbères de l'empire colonial, matant servilement toutes les révoltes, prenant part à toutes les expéditions à risques, obéissant effrontément à la république si lointaine, leur réputation n'est plus à faire à tel point qu'au début du siècle dernier, tous les partis politiques sont d'accord. Mangin, un anti-dreyfusard convaincu, nous explique dans son livre « la force noire » que : « les nègres ressentent moins la douleur car leur système nerveux est moins développé que celui des blancs » et Jaurès dans « l'armée nouvelle » préconise quand à lui de remplacer les troupes métropolitaines par des étrangers et des coloniaux et ce dans l'intérêt national. Quelque soit donc les raisons, les tirailleurs passent du statut de Bataillon Supplétif à celui de Régiment.

 

Durant la première guerre mondiale, le taux des pertes des tirailleurs est de pratiquement 18%. On les engagera dans les secteurs du front que personnes ne veut tenir et ils tiendront. En Argonne, en Champagne, en Artois, dans la Somme, partout ils tiendront. Jusqu'au bout, le pouvoir colonial devra enrôler de force bon nombre de tirailleurs. Bien sûr, il eu des révoltes, et c'est à coup de canon de 75 qu'on rasera les villages de mutins. En 1917, Blaise Daigne, député à l'assemblée nationale, mettra tout son poids dans la balance pour une dernière levée de 60.000 hommes. Il y voyait une voie d'émancipation pour les noirs, mais les compensations ne furent qu'une baisse d'impôt et le reclassement des vétérans dans l'administration coloniale. Il faut tout de même noter que les médaillés de la légion d'honneur et les médaillés militaires purent acquérir la nationalité française. Bien peu pour tant de sangs versés.

 

A peine le temps pour eux d'éteindre les feux du Maroc et les voilà réquisitionnés pour un autre conflit mondial. Les consignes des soldats allemand sont claires : évitez au maximum les prisonniers de couleur... « untermenschen », « Kannibalen » ! Dans les terribles journées de Juin 40, alors que la France se battait « pour l'honneur », la division SS « totenkopf » massacrera 188 tirailleurs dans la région de Lyon, ceux qui échapperont aux balles allemandes continueront la lutte avec la France libre sous les ordres de Leclerc, de Lattre, Koenig et Juin, d'autres seront prisonniers et gardés dans des front-stalags, pas de prisonniers non-aryens en Allemagne. Se sont parfois même des soldats de Vichy qui garderont les « indigènes ».

 

En décembre 1944, une partie de ces prisonniers, qui ne désira pas se réengager dans l'armée de libération, est renvoyée au pays et attend sa démobilisation dans le camp de Thiaroye. On leur retire leurs effets militaires et c'est en sous-vêtement qu'ils attendent des arriérés de solde qui n'arrivent pas. L'inévitable mutinerie éclata et ils furent impitoyablement massacrés.

 

Pour les « vainqueurs », la démobilisation se fit attendre, des charbonnages du Nord aux docks de Marseille, ils furent une force de police des plus efficaces contre les grèves. Pour les troupiers « d'active », d'autres déroutes et désillusions les attendront jusqu'à la décolonisation, pacifique celle-ci. De l'Indochine à l'Algérie, ils partageront le calvaire de l'armée française.

 

 

 

Si un jour vous allez à Dakar, vous verrez se dresser devant la gare centrale un monument où Dupont le poilu et Moussa le tirailleur marchent ensemble vers la victoire. En Afrique c'est comme çà que l'on voit les choses et la déchristianisation des pensions fait du bien aux anciens combattants sans toute fois être bien égalitaire. Quand un ancien combattant français touche 427 euros pour 90 jours de service actif en zone de combat, un sénégalais en touche 229.

 

N'oublions pas le souvenir de ces vieux braves dont le sang a rougi les terres de France. Le 23 Août, jour de la libération de Marseille et Toulon, l'Afrique Noire fête la journée du tirailleur, pensons à eux puisque la république n'a pas daigné les fêter à la juste valeur de leurs sacrifices.

 

Par Jean-Baptiste, le Carolo-Namurois



08/01/2008
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