"Chaque fois que quelqu'un est humilié, est persécuté, est opprimé, il devient automatiquement français".

Depuis quelques jours, cette phrase attribuée à Nicolas Sarkozy lors de son déplacement en Bulgarie, et publiée dans le reportage de Libération, fait grincer pas mal de dents.

Et pour cause.

Alors qu'une loi durcissant les conditions d'immigration vers la France était votée au parlement, sur fond de polémiques autour du test ADN et des objectifs chiffrés pour les expulsions de sans papiers, Nicolas Sarkozy se gargarisait d'envolées humanistes devant les infirmières bulgares, héroïquement libérées par lui-même.

Vous avez été nombreux à nous faire part de votre indignation dans vos commentaires, et notre chroniqueuse Judith Bernard n'a pas raté l'occasion d'analyser cette "antiphrase" comme elle l'appelle dans une brillante chronique publiée ici-même, qui frôle déjà les 100 commentaires.

Plusieurs d'entre vous, d'ailleurs, ont été interloqués par la spectaculaire non reprise de cette phrase sidérante par les JT, l'AFP, et le reste de la presse (hors Libération).

Nous avons donc décidé d'en savoir plus.

Il se trouve que cette phrase n'a été entendue, sous cette forme-là, que par une seule et même personne: Antoine Guiral, le journaliste de Libération, dont la prise de notes, a-t-il expliqué à @si, a été perturbée par un léger retard et des applaudissements mal venus.

Grâce à ces images (non diffusées à la télévision, et que @si s'est procuré grâce à ses actives connexions bulgares), voici Sarkozy dans le texte.

 

Video non diffusée à la télé du discours de Sarkozy en Bulgarie

 

L'orateur suit à la virgule près son discours écrit. Voici, ci-dessous, le texte intégral: "(...) l'idée que je me fais de notre pays, la France, c'est que, chaque fois que quelqu'un est injustement opprimé, ce quelqu'un-là devienne français immédiatement. Non pas par les papiers, non pas par l'administration mais il devient français parce que sa souffrance devient une souffrance qui doit être portée par la France."

Cas pratique de journalisme: le compte-rendu de Libé trahit-il, ou non, le propos sarkozyen ? Et la démontration de Judith reste-t-elle valide ?

(Enquête de Romain Boutilly)

http://arretsurimages.net/post/2007/10/11/Retour-sur-une-phrase