Menace d'expulsion à Dinan
La chasse à l'étranger continue. Notre Police Nationale ressemble de plus en plus hélas à la Gestapo !
article du Ouest-France du 21 Mai
Chantale et Yaçine ont voulu que la photo soit prise devant le drapeau tricolore. « C'est ici que nous voulons vivre. »
« Mon mari est turc, il va être expulsé »
Elle est Française. Il est Turc. Ils sont mariés. Mais comme il a commis l'erreur d'entrer illégalement, il va être expulsé. Témoignage.
« Nous sommes mariés, nous visons heureux, il s'intègre à la société française, les gens de la commune l'aiment bien. Et on va l'expulser. » Chantal Geslin est volubile. L'entretien est ponctué de pleurs, de moments de désespoir et d'énervement. Et de grande tendresse quand elle regarde Yaçine, son mari. Lui, parle peu. Les muscles saillants sous son tee-shirt, -en Turquie, il a été boxeur et gendarme- il a du mal à exprimer ses idées en français. « Je comprends, mais dur parler. » Chantal vient à sa rescousse. « Il prend des cours de français avec le Secours Populaire. Et il communique beaucoup avec mes enfants, que j'ai eus d'un premier mariage. Il va les chercher régulièrement à l'école. Ils l'adorent. » Yaçine fait oui de la tête avec un grand sourire.
Retour en arrière. Yaçine Tursun quitte la Turquie en octobre 2004. Parcours classique du clandestin. Traversée de la mer en radeau, passeurs, nuits caché dans des camions, passage de la frontière illégalement. « Mais il ne pensait pas rester. Au début, il venait seulement pour voir ses nombreux oncles installés depuis longtemps en France. » Alors, pourquoi n'être pas rentré légalement comme touriste ? « Il n'avait pas assez d'argent pour payer un visa. Ils coûtent 60 € et en plus, ils sont accordés au compte-gouttes. » Un mois plus tard, il rencontre Chantal. C'est le coup de foudre. Ils viennent vivre tous les deux à Calorguen. Le couple décide rapidement de se marier. Mais la préfecture tique. S'agit-il d'un mariage blanc, pour permettre à Yaçine d'obtenir des papiers en règle ? Le procureur de Dinan fait une enquête de voisinage et de personnalité. Malgré le fait que Yaçine est en situation irrégulière, l'autorisation est donnée. Ils se marient le 24 juin 2006 à la mairie. « C'était un beau mariage, il y avait près de 40 personnes. »
« Interdit de travailler »
Le temps passe. En tant que demandeur d'asile, son titre de séjour est renouvelé tous les trois mois. Mais, comme indiqué en gros caractères sur le document, il lui est interdit de travailler. En octobre 2006, tout change. Le droit de rester en France lui est refusé parce qu'il est entré clandestinement. Et le 12 avril dernier, c'est la tuile. Yaçine est contrôlé par la police dans le métro de Rennes. Il est amené au commissariat. Motif : infraction à la législation sur les étrangers. Il est conduit à la police des frontières à Rennes. De là, direction le centre de rétention de Palaiseau. Et là, dernière étape avant l'expulsion en avion à Roissy, il doit passer devant un juge à Versailles. Mais comme les policiers n'ont pu amener Yaçine au tribunal à temps, son avocate soulève un vice de procédure. En effet, la loi oblige que le prévenu soit présent à l'audience avant la reconduite à la frontière. Coup de théâtre, Yaçine est libéré.
« Laissez-nous vivre notre amour tranquillement »
Pourtant, le couple vit dans l'angoisse. « Il peut être expulsé n'importe quand. » Petite pause. Chantal s'essuie les yeux. « Je ne comprends pas pourquoi ils ne veulent pas nous laisser vivre notre amour tranquillement. Yaçine est bien intégré. Nous avons une attestation du maire prouvant que nous vivons bien ensemble depuis plus de deux ans. Yaçine n'a jamais fait la moindre infraction depuis qu'il vit en France. Qu'est ce qu'il leur faut de plus · »
Lorsqu'on suggère que Yaçine rentre en Turquie pour demander ensuite à entrer légalement en France, Chantal s'énerve. « Avec les problèmes administratifs en Turquie et en France, il faudra attendre au moins cinq ans. Notre couple va éclater. De toute façon, en Turquie, il n'a plus de famille ni de maison. Il est à la rue. Et s'il le faut, j'irais le rejoindre. Jamais je ne l'abandonnerai. »
Jean-Valéry HÉQUETTE.
Ouest-France
Courage Chantale et Yacine, on vous soutien !
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