Les vacances du Petit Nicolas 1er
Les journalistes de la RTBF, de Rue89 et quelques presses écrites françaises doivent en faire état : notre président passe des vacances à grands frais à cent kilomètres de la résidence de G. W. Bush. L'éventualité d'une nouvelle rencontre furtive, photographiée et "photoshopisée" (action de modifier la photo) n'est pas à exclure.
Nicolas considère avoir été dérangé par la présence journalistique à proximité de son lieu de résidence. Il s'est d'ailleurs disputé avec des photographes de la presse américaine ce dimanche. Perdant son sang-froid, il saisit même l'appareil photo d'un des journalistes.
Jim Cole, photographe pour Associated Press, et Vincent DeWitt, photographe freelance ont été sèchement réprimandé en français par Sarkozy. "Tout le monde était calme, sauf lui", a témoigné Vince DeWitt. Il a raconté la scène en détail à Guillemette Faure, collaboratrice de Rue89, dépêchée dans le New Hampshire par RTL et Le Figaro.
Photo Rue89
Traduction des propos de Vincent De Witt :
"Nous avons attendu pendant quarante-cinq minutes, puis le Président et son entourage, les membres de sa famille et des agents de sécurité sont apparus et ont pris place à bord d'un bateau, et se sont mis en mouvement lentement en s'éloignant de la petite baie où se trouve sa résidence de vacances. Nous étions là où nous devions être, c'est-à-dire que nous n'avions traversé aucune frontière légale. Nous avions reçu l'autorisation d'être là de la part de la police de l'Etat.
Dès que nous avons vu le Président Sarkozy et son bateau, nous avons commencé à prendre des photos. Au fur et à mesure qu'il approchait, j'ai réalisé qu'il nous montrait du doigt. Au début, j'ai pensé que c'était un geste amical. Puis j'ai réalisé qu'il était aussi en train de crier. J'ai vu qu'il parlait au pilote du bateau, et l'a dirigé en direction de notre bateau. Ils se sont approchés, et à ce moment-là j'ai compris que le Président avait l'air très en colère. J'ai posé mon appareil photo, tout comme l'autre photographe à bord.
Le bateau du Président est arrivé près du nôtre, et il est venu à bord, vêtu d'un short sombre, pas de T-shirt, pas de chaussures. Evidemment, nous étions très surpris. Il parlait de manière très excitée en français. Nous lui avons dit que nous ne parlions pas le français, mais cela n'a pas semblé l'émouvoir car il a continué à nous parler en français. Nous avons demandé si quelqu'un pouvait nous traduire ses propos. Sur le moment, personne ne s'est proposé. Il s'est approché de moi, me pointant du doigt, et j'ai plus tard appris qu'il me disait en français qu'il avait demandé le matin même aux journalistes, lors de sa conférence de presse, de ne plus le photographier après la conférence de presse. C'est d'ailleurs pour ça qu'il avait tenu la conférence, pour permettre aux journalistes et photographes de l'interviewer.
Après quelques minutes, j'ai réalisé qu'il tenait entre les mains mon appareil photo. Il s'était avancé là où je l'avais posé, et il l'avait pris. J'ai d'abord pensé qu'il allait le garder. Ce geste m'a beaucoup surpris. A ce moment-là, sa femme –je crois bien que c'était elle même si je ne suis pas certain à 100% que c'était elle– m'a dit calmement avec un petit sourire qu'il était en colère car il pensait avoir clairement organisé les choses pour ne plus être photographié par la presse. L'autre photographe et moi avons alors expliqué que nous n'étions pas au courant. S'il l'avait dit en français, nous ne comprenions pas le français. Et il s'avère que c'est bien en français qu'il avait dit cela. Donc nous n'avions aucun moyen de le savoir.
Il est resté à bord de notre bateau cinq minutes, et finalement a commencé à se calmer. Il a dit quelques mots d'anglais, répétant qu'il avait conclu ce pacte. Nous étions tous les deux très respectueux envers lui, nous nous sommes excusés, et nous lui avons promis de ne plus le photographier ce jour-là. Il a haussé les épaules, et est remonté dans son bateau. Ils sont repartis, et nous sommes repartis de notre côté vers la rive du lac.
Nous avons été très surpris par ce qu'il a fait. Nous sommes désolés si nous avons causé le moindre désagrément à sa famille, mais nous supposions que comme il est le Président d'un grand pays, nous avions tous les droits de le photographier. Nous avions en tout cas tous les droits légaux de le faire.
Pouvez vous imaginer une situation similaire aux Etats-Unis?
Non, sûrement pas. Je ne sais pas si les hommes politiques américains sont plus malins que le Président Sarkozy, mais ils sont conscients des répercussions d'un tel acte... Je ne veux pas appeler ça une diatribe... Mais ils savent qu'une telle sortie colérique aurait un impact négatif sur eux. Je ne vois pas une telle chose se produire. Il n'est certes pas un nouveau venu en politique, je ne connais pas bien son histoire, mais on pourrait s'attendre à ce qu'il soit un peu plus conscient de ce qui va avec le fait d'être Président d'un pays important."
Propos recueilli par Guillemette Faure
Journal France 2 (la version RTBF était moins complaisante mais on ne la trouve pas...)
Le book des vacances du Petit Nicolas
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