CITOYENS DU MONDE

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Le contrôle des médias (acte 3)

Bolloré Média reconnaît avoir censuré un article dans Matin Plus

Le groupe Bolloré a admis ce lundi avoir volontairement passé à la trappe un article compromettant pour la police française, comme l'avait relaté Rue89 samedi matin. "Nous avons une charte éditoriale prévoyant que nous faisons un journal neutre, a déclaré à l'AFP Jean-Christophe Thiéry, directeur général de Bolloré Média. Là, on avait un article qui était extrêmement désagréable pour la France parce qu'il comparait ce que faisaient ses fonctionnaires à ce qui se passait au temps de l'URSS."

Issu de Courrier International, le papier racontait les déboires de musiciens hongrois avec la police à l’aéroport de Roissy et devait être publié dans le gratuit Matin Plus, détenu à 70% par Bolloré et à 30% par Le Monde (propriétaire de Courrier International). "Nous avons passé des accords avec Le Monde et Courrier International qui prévoient que nous ne touchons jamais aux articles qu'ils nous transmettent, a ajouté Jean-Christophe Thiéry. En revanche, nous pouvons décider de les passer ou de ne pas les passer. C'est la première fois que nous avons utilisé ce droit."

Une justification qui risque de déplaire fortement aux journalistes de l’hebdomadaire. Réunis en assemblée générale lundi matin, ils ont convaincu le directeur de la rédaction, Philippe Thureau-Dangin, de demander à Vincent Bolloré de publier l’article en question, lors de leur rencontre prévue mardi. Las, la dépêche AFP tombée lundi midi sonne déjà comme une réponse négative. C’est l’accord entre les deux publications qui pourrait alors être en jeu. Les syndicats de Courrier International attendent une toute autre réaction avant mardi, 16 heures.

 

Bolloré trappe un article gênant pour la police dans Matin Plus

Après Lagardère, au tour de Bolloré de jouer les censeurs. Le propriétaire du quotidien gratuit Matin Plus a refusé de publier un article issu de Courrier International relatant les déboires de musiciens hongrois avec la police à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Motif: "On ne peut pas parler de la sorte de la police française!" Une injonction qu'aurait intimée Vincent Bolloré en personne, à lire le blog d'Alexandre Lévy, chef du service Europe de l’Est de l’hebdomadaire.

Jointe vendredi par Rue89, la direction de la rédaction de Matin Plus a d’abord fait semblant de ne pas être au courant de l’affaire, avant de promettre de rappeler plus tard. Son coup de téléphone se fait toujours attendre... Les responsables du Monde (auquel appartient Courrier International) en charge des relations entre le quotidien du soir et le gratuit n'ont pas non plus retourné nos multiples appels.

Les syndicats de Courrier International, eux, se sont fendus d'un communiqué pour faire part de leur indignation après "la censure par le gratuit Matin Plus d'un article fourni, en application d'un accord entre les publications, par la rédaction de Courrier International pour parution dans l'édition du vendredi 25 mai du quotidien Matin Plus". L'intersyndicale demande à la direction de l'hebdomadaire et à celle du groupe Le Monde de "faire respecter la liberté d'expression et l'indépendance éditoriale, correspondant aux principes de la profession, du groupe et du titre."

L'article en question a été rédigé par un ancien consul hongrois à Paris, dans les colonnes du quotidien hongrois Magyar Hírlap. Traduit et édité par la rédaction de Courrier International, il a ensuite été publié sur le site de l’hebdomadaire, avant d’être envoyé pour publication à Matin Plus. Or, vendredi 25 mai, jour de parution prévu, une publicité paraît en lieu et place de l’article. Les discussions reprennent entre les responsables de Courrier International et de Matin Plus, et une nouvelle date de parution est fixée: mardi 29 mai. En vain: l’article ne sort toujours pas.

"D’après ce que m’ont dit mes sources à l’intérieur du gratuit, il ne sera pas publié, précise Alexandre Lévy à Rue89. C’est Vincent Bolloré lui-même qui aurait pris cette décision. Les responsables du Monde et de Courrier International sont visiblement très gênés." Puis de se désoler: "Je suis vraiment très étonné, j’avais beaucoup de mal à imaginer cela."

Pour le journaliste de l'hebdomadaire, l'intérêt de ce papier est qu'on pose rarement des problèmes à ceux qui repartent dans leur pays. La mésaventure du groupe Romengo -vainqueur de la Star Ac' hongroise-, commence au retour d’un concert à Sablé-sur-Sarthe, peu avant d’embarquer pour Budapest. "Les policiers trouvent l'un des étuis de guitare suspect, retiennent les musiciens, font attendre pendant des heures les autres passagers de l'avion. La fouille s'éternise, on passe à des interrogatoires laborieux, puis subitement les policiers disparaissent, sans donner plus d'explications. Lorsque les musiciens montent enfin dans l'avion, c'est le commandant de bord qui, d'autorité, leur interdit de prendre son vol. Les Roms passent la nuit à l'aéroport et ne repartent que le lendemain sur un autre vol vers Budapest, où ils ne manquent pas de raconter leurs péripéties à la presse", raconte sur son blog Alexandre Lévy, qui a recueilli depuis de nouveaux témoignages des musiciens allant dans le même sens. Musiciens qui entendraient déposer plainte.

Source : http://rue89.com/

 

A LIRE :

Le contrôle des Médias (acte 2)

Le contrôle des Médias (acte 1)

 

 



04/06/2007
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