CITOYENS DU MONDE

La trêve des confiseurs est enfin rompue. La rédaction de Ouest France (Vitré) a recueilli les réactions de 6 conseillers municipaux. Chacun a essayé de dresser un bilan du mandat de l'équipe sortante. Nous ne pouvons que saluer l'exceptionnel équilibre et neutralité (3 élus de la majorité et 3 de l'opposition) respecté par le journal. Par ailleurs, nous tenterons de dresser nous même un inventaire (non exhaustif) des promesses de la campagne de 2001 afin d'en vérifier leurs réalisations.

Logement, Urbanisme, Vie dans les quartiers, Circulation, Transport, Environnement… Voici un premier tour d'horizon, avant l'acte 2.

Le Logement, l'Urbanisme et la vie dans les quartiers :

« Face à une demande forte (de logement), proposer une offre variée et abordable dans un environnement attractif » et « mettre en œuvre des mesures nouvelles pour faciliter la convivialité (dans les quartiers) », telles étaient les promesses du Programme de 2001 de l'équipe sortante.

Sur ce point du bilan, la majorité s'accorde quelques mérites : « Bien que la demande soit forte, l'offre est variée et abordable, tant au nord qu'au sud de la ville. » dixit Michel Gasnier. Il aborde aussi le dossier du Plan Local d'Urbanisme « C'est un important dossier que nous avons eu à mener lors de ce mandat. » Le PLU en question, fait toujours la part belle à la croissance urbaine non maîtrisé comme l'atteste les derniers projets sortis de terre ou en passe de l'être. Annie Le Poëzat ajoute en ce sens : « Il n'y a pas de vision globale notamment en matière d'urbanisme. La municipalité cherche d'abord des financements et réfléchit ensuite à la manière de mener le projet. »

En ce qui concerne le logement, Pierrick Morin indique que « Le lotissement des Serres est inaccessible financièrement et seulement trois critères (ndlr sur 12 cibles) HQE (Haute Qualité Environnementale) sont respectés. Des lotissements ne respectant pas ses normes sont encore sortis de terre. » Annie Le Poëzat enfonce le clou, « Nous sommes encore à la traîne pour le logement social. On nous répond que beaucoup de logements sociaux sont vides : c'est normal car ils sont très souvent petits et très sonores. Ce qu'on peut faire pour les entreprises, on peut le faire pour le logement social. Les nouveaux lotissements ressemblent également à des cités dortoirs. À la Zac de la Fleuriais, les 700 habitants n'ont aucun endroit où se réunir ». Son camarade socialiste, Jacques Crochet insiste : « Il n'y a qu'une seule élue pour tous les quartiers. On se rend bien compte maintenant que c'est réellement insuffisant. Il faudrait un élu référent par quartier. » La critique sur le « manque de vision » de Pierre Méhaignerie vient aussi d'élus de la majorité. Marie-Cécile Duchesne, tout d'abord : « Il manque une crèche municipale à Vitré. Il manque également de logements de qualité en ville accessibles aux personnes âgées. Celles qui ne souhaitent pas forcément aller en maison de retraite sont souvent obligées d'aller sur Rennes pour trouver un logement adéquat ». Etienne Foucher n'est pas en reste, il s'interroge sur la maison de l'emploi : « Sera-t-elle vraiment à sa place au Champ de foire ? Que ferons-nous aussi des cars scolaires ? »

Il est vrai qu'à la vue des aménagements de ces dernières années sur Vitré, on se demande si Pierre Méhaignerie ne joue pas à Sim City. Nous abordons là un thème cruciale de l'héritage Méhaigneriste : la croissance urbaine non maîtrisée.

Un exemple simple : Voici la définition de Vitré dans un dictionnaire de 1883.

(source : Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire, de Biographie, de Mythologie et de Géographie, Garnier frères, Libraires Editeurs, 1883.)

9 870 habitants en 1883 et moins du double aujourd'hui. La superficie de l'urbanisation, quant à elle, a été quadruplée.

(Fond photographique Google Earth, la carte est en cours de réalisation… avec les moyens du bord - logiciel paint- en attendant mieux…)

Ci-dessus, le périmètre jaune représente le tissu urbain de l'époque. (Prévenez nous en cas d'erreur...) Les zones hachurées roses sont des espaces actuellement ouverts à l'urbanisation ou en passe de l'être (il nous manque encore quelques zones à compléter, et oui Vitré, ça pousse…).

Il est stupéfiant de constater cette politique de « zonings » à outrance. Chaque nouveau secteur qui s'est ouvert ou qui s'ouvre encore à l'urbanisation n'a qu'une seule vocation : commerciale, industrielle ou résidentielle. Ce qui a toujours pour effet, d'accentuer l'étalement urbain. Il n'y a aucune recherche de mixité d'usage.

La disproportion entre les lotissements de maisons individuelles et les petits collectifs n'a fait qu'accentuer cette croissance démesurée. La surconsommation d'espaces pour les commerces de périphéries se fait au détriment du tissu dense commercial du centre ville et des commerces de proximité. L'élu vert prévient qu'« Il y a maintenant un déséquilibre entre le centre-ville et les grandes surfaces » Plus largement c'est encore sur le modèle du « tout voiture », qui engendre la création de grandes nappes de parkings et de rocades, que mise Pierre Méhaignerie. Ceci nous permet de faire la transition vers le thème de l'environnement…

Le Transport, l'environnement, Energie :

Le point noir des mandats ? Le « manque de vision », la propension à concevoir sa ville à la Sim City engendre inévitablement les désagréments dont se plaignent moult de vitréens : la circulation. Pierre Méhaignerie avouait déjà en 2001 que les problèmes de circulation était « la contre partie négative de notre activité économique et nous devons trouver des solutions ; un bureau d'étude indépendant nous livrera des conclusions ». (Lesquelles inspireront sans doute son nouveau programme ?)

La municipalité n'a eu cesse de ne réaliser que des parkings, histoire d'encore d'asseoir un peu plus Vitré dans l'asphyxie. « De gros efforts ont été faits et de nombreuses places ont été créées avec l'ouverture notamment du parking du boulevard des Jacobins, de la rue Pierre-Lemaître et celui du sud de la gare. Ces aménagements ont permis de sauvegarder l'activité des commerces du centre-ville. Nous avons également soigné les entrées de ville en opérant des aménagements route de Janzé ou rue de La Guerche. Les aménagements de la place de la République donnent aussi satisfaction » se félicite Michel Gasnier.

Tout cela est fort contradictoire avec les logiques de développement durable qu'impose la mise en place d'un agenda 21. Annie Le Poëzat ajoute même que « La municipalité n'est pas allée au bout de la logique de l'Agenda 21. ». Il est vrai que comme l'indique Marie-Cécile Duchesne « Les bus gratuits représentent un avantage considérable », mais il est nécessaire aujourd'hui de combiner cet outil dans l'optique de désengorger la ville des voitures. Il a un réel manque de courage politique de la part de Pierre Méhaignerie quant à la pédagogie sur l'éco-mobilité. Pour exemple, la tentative avortée de généraliser la « limitation à 30km/h dans tous les lotissements et au cœur de la ville » comme il le suggérait en 2001. Cette mesure, simple et de bon sens, aurait assuré une meilleure sécurité routière, diminuer la consommation des véhicules et donc la pollution, assurer une meilleure fluidité des circulations. Elle aurait été surtout une contrainte posée à l'automobiliste l'incitant aux pratiques alternatives des circulations douces ou collectives. Pierrick Morin dénonce le fait que « Les réalisations sur la Place de la République ne s'intègrent pas au plan de circulation. Il n'y a toujours pas de zone 30 dans le centre-ville. »

« Vitré est aussi en retard sur les autres villes en matière d'écologie » selon Pierrick Morin. Cela s'explique sans doute quant aux absences de Pierre Méhaignerie sur cette thématique dans son programme de 2001. Bien sûr, il y avait le bus gratuit mais ce n'était plutôt qu'une mesure symbolique qu'autre chose compte tenu des du fait que « les recettes du bus ne représentent que 200 000 F (30 000 euro) pour un coût de 1,4 millions (213 000 euro) » (Programme de 2001).

Autre sujet fort polémique de cette campagne : la ligne à Très Haute Tension qui traversera le canton Est de Vitré. Même si la polémique risque d'avoir davantage d'influence sur la campagne des cantonales sur ce même canton, elle aura toute son influence dans la ville centre. Le Maire UMP sortant a tout fait pour « exporter le débat en dehors de la circonscription » (vidéo LCP campagne législative) et tente aujourd'hui de soutenir des actions individuelles de particuliers en leurs proposant des aides juridiques. Pourquoi ne pas plutôt soutenir une action collective, permettant de mutualiser les moyens et surtout bien évidemment plus garante de résultat ? Pourquoi ne pas avoir aidé les Maires des communes impactés à organiser des réunions publiques d'information et de concertation ? Monsieur le Député-Maire doit être sur la même ligne de conception de la démocratie… chut ! On ne parle que de ce qui est bien pour l'image. Pas de cancer, pas de leucémie, on ferme les yeux et se bouche les oreilles dès que le dossier nucléaire s'ouvre…

Souvenez-vous, 1986, nos députés du coin Alain Madelin et Pierre Méhaignerie étaient les premiers à  rassurer les français sur le passage du nuage nucléaire de Tchernobyl. Plus tard, la France d'en bas a appris que ce nuage radio-actif ne s'était pas arrêter à la frontière. Même les présentateurs météos de l'époque avaient participé à la désinformation…

Le dossier de la THT est intrinsèquement lié à la création d'un réacteur EPR sur le site de Flamanville dans la Manche. Mais comme le rappelle Jacques Crochet « on sait qu'il y a des risques sur la santé. » En effet, le fait de vivre à proximité de ce type d'infrastructure provoque leucémies et cancers (tout savoir sur les risques sanitaires). Pierrick Morin en a fait son cheval de bataille depuis l'annonce du projet, et a participer à l'ensemble des actions du secteur (Le plus souvent déguisé en lapin).

Pierre Méhaignerie a toujours été habitué à des compliments unanimes. On constate ici qu'il a une réelle unanimité à constater son « manque de vision » en ce qui les aménagements vitréens. Cela parait d'autant plus surprenant au regard des aménagements des décennies précédentes qui certes manquaient pour certaines de densité et de mixité d'usage, mais qui proposaient des circulations douces et des espaces de rencontres favorables à l'épanouissement du lien social d'un quartier (Quartier du Mille Club, par exemple). Quant à son bilan environnemental, il est tout simplement inexistant malgré les exigences de la mise en place de l'agenda 21 qui nécessite une politique volontariste forte et transversale pour être cohérente.

La suite du bilan dans l'acte 2… A suivre…

Par Céline et Jérémy

Sources :

Programme Liste de l'UMP Pierre Méhaignerie, 2001

Vitré Journal (bimestriel municipal d'information)

Articles du Ouest France du 3/01/08 sur le site de maville.com :

- Marie-Cécile Duchesne

- Jacques Crochet

- Pierrick Morin

- Michel Gasnier

- Annie Le Poëzat

- Etienne Foucher