CITOYENS DU MONDE

Ce Mercredi 9 Avril, le leader du MoDem était l'invité matinal du journaliste souvent pertinent Jean-Michel Aphatie. En un peu plus de 8 minutes, ils font le tour de l'actualité récente : le parcours parisien de la flamme olympique, l'envoi de nouvelles troupes en Afghanistan et la future intégration à l'OTAN. En fin d'entretien, la situation propre du MoDem est bien entendue évoquée...

Sans surprises, le député des Pyrénées Atlantiques, s'indigne sur le fait que la police nationale « arrache des drapeaux tibétains, symbole pacifique de surcroît ». Comme Marielle de Sarnez, qui appelait même « tous les citoyens du monde » à manifester auprès des militants de la cause tibétaine.

Il est ensuite interrogé sur son refus de voter la motion de censure du gouvernement proposé par les Députés socialistes, communistes et verts. Celle-ci concerne l'annonce du Président Sarkozy de l'envoi de troupes en Afghanistan, sans débat au préalable avec les représentants du peuple (et en informant leurs homologues anglais avant...) et la future intégration à l'OTAN de la France, symbole de la nouvelle position très atlantiste des autorités diplomatiques françaises.

« Motion de censure », késako ? En gros, c'est un débat suivi d'un vote à l'assemblée provoqué par un nombre minimum de signataires au préalable. En cas de vote de celle-ci, le gouvernement doit remettre sa démission. Elle est souvent utilisée comme moyen ultime pour les députés de l'opposition afin de provoquer un débat sur des questions sur lesquelles le gouvernement en place ne veut pas répondre.

François Bayrou explique donc qu'il n'a pas voté cette motion de censure. Il serait nécessaire selon-lui de renforcer le contingent français sur place. Et là, contre toute attente, Jean-Michel Aphatie, ne le questionne pas sur la forme. C'est pourtant ce que dénonçait en premier lieu l'opposition : le fait qu'il n'y ai ni consultation, ni débat préalable à l'Assemblée Nationale. Ce qui est un minimum démocratique, et qui devrait être une exigence pour un mouvement qui se veut « Démocrate ».

Sur le fond de la question, y répondre favorablement de cette manière est prématurée, la situation localement se complique et pourrait s'envenimer entre une toujours probable nouvelle contre-offensive des Talibans et une désaffection des troupes étrangères alliées auprès des populations locales, pachtounes (ethnie du Commandant Massoud, assassiné par les Talibans juste avant le 11 septembre…) en premier lieu comme en atteste le documentaire « Afghanistan, le choix des femmes », d'Hadja Lahbib, diffusé sur la RTBF, portant des regards croisés sur deux femmes de pouvoir en Afghanistan, une chef de guerre et une députée. (Voir article du quotidien belge Le Soir)

Même s'il critique, comme l'opposition socialiste, communiste et verte, le fait que la France rejoigne l'OTAN : « La France était regardée dans le monde comme ayant une place originale et singulière, nous étions ceux qui dans l'alliance n'était pas aligné. Je considère que c'était un atout pour nous, c'est la raison pour laquelle les Présidents successifs ont protégé cette position de la France ».

Le fait que Nicolas Sarkozy et son gouvernement jette la France dans les bras de l'OTAN alors que le Général de Gaule s'y était toujours opposé, que le cap diplomatique avait toujours été tenu et cela en totale adéquation avec l'opinion publique française toutes tendances politiques confondues… ne semble pas motivé un vote de défiance du gouvernement de la part du leader du MoDem. Voilà de quoi laisser perplexe nombre de ses militants quant à sa capacité de compréhension et de réaction face aux enjeux géopolitiques et diplomatiques.

François Bayrou semble donc une nouvelle fois vouloir apparaître comme « modéré » et « au centre des débats », quitte à se décrédibiliser. C'est toujours l'histoire du verre à moitié plein ou à moitié vide : apparaître toujours au milieu, donner à moitié raison au uns ou aux autres, piocher des idées à droite et à gauche… François Bayrou souhaite éviter « la bipolarisation de la politique française » mais pour cela ne devrait-il pas consulter la base de ses militants, et avec eux, construire un vrai projet qui leurs seront propres et pas du « moitié, moitié » ou « ni, ni », ce qui ne pourrait être que bénéfique à la démocratie.

Le MoDem va très mal, il perd nombre de ses adhérents, le journaliste de RTL finit même par le questionner même sur sa solitude..; Et si ce non vote était un premier message adressé à l'UMP annonçant son retour à droite comme l'on fait nombres d'élus locaux avant lui ?

Par Jérémy