CITOYENS DU MONDE

A droite de 1848 à 2004, le Conseil Général d'Ille et Vilaine n'aurait plus de groupe de droite... C'est bien ce que l'on est tenté de croire à la lecture des noms de groupes politiques composant l'assemblée départementale. « Union du centre », c'est la nouvelle appellation (d'origine contrôlée ?) du groupe d'opposition à la majorité mené par le PS et le PRG.

Le CG était auparavant composé de quatre groupes : « Socialistes et Démocrates de Progrès » et « Radicaux de Gauche » pour la majorité ; « Centre-Droit Agir Pour l'Ille et Vilaine » et « UDF – Union du centre » pour l'opposition.

Aujourd'hui, le groupe de droite ne serait plus ? Le citoyen se revendiquant de droite serait-il lésé et dépourvu de toute représentation ? Non, rassurez-vous...

Comme l'indique le site d'information Rue89, « si vous cherchez l' "Union du centre", appelez l'UMP »... La question a l'air de beaucoup embarrasser les nouveaux élus du groupe. En premier lieu la nouvelle conseillère générale et municipale de Vitré : Isabelle Le Callennec (UMP) est très agacée et confuse dans sa réponse à la journaliste Chloé Leprince :

« (rire gêné) C'est complètement dépassé ce mode de raisonnement Madame ! C'est complètement dépassé ! droite, gauche, centre... ! euh... c'qui compte... euh... euh... ce sont les valeurs qu'on porte les uns... euh... euuuuuuuuuuuuuh ! (non ce n'est pas un rot) et les autres et puis... euh...c'est le programme pour l'Ille et Vilaine et les habitants de nos cantons. Quel est l'intérêt de savoir si un tel est plus à gauche qu'à droite, qu'au centre... euh... mais mais mais mais... c'est vraiment une drôle de question !? Y'a un groupe qui s'appelle l'Union du Centre qui réuni des centristes... euh... qui sont pour certains à l'UMP, pour d'autres divers droites, pour d'autres au MoDem, pour d'autres... muumm euuuuh... à l'union centriste. Ben voilà, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise de plus ou de moins ? » (cliquez pour écouter)

Le porte parole de ce nouveau groupe n'est autre que Thierry Benoit. Le nommer à la tête du groupe « Union du centre » est donc plus que surprenant. Faut-il rappeler que celui-ci, a été élu député en juin dernier, sous les couleurs UDF-MoDem, sans jamais avoir adhéré au MoDem. Qu'il a été élu avec les voix des électeurs de gauche face à la Député sortante UMP Marie-Thérèse Boisseau. Que quelques temps plus tard, il trahit ces électeurs en refusant de siéger avec François Bayrou et rejoint le groupe de l'assemblée Nouveau-centre, fidèles alliés de l'UMP dans toutes ces dernières batailles électorales et coalitions gouvernementales. De quoi y perdre son latin et... ses valeurs politiques...

Comment donc interpréter cette nomination ? Si ce n'est le souhait d'apaiser et de réconcilier les clans de la droite d'Ille et Vilaine autour d'une personnalité qui a clairement fait comprendre son appartenance à la droite. Reste que la cohésion de groupe n'est pas encore assurée...

Pierre-Yves Reboux, nouveau conseiller général, élu sous l'étiquette MoDem témoigne : « Je devais avoir un groupe de six centristes, qui n'auraient jamais été à l'UMP. Un groupe qui se serait appelé 'centre', point. On m'avait promis deux groupes distincts. Finalement, au dernier moment, nous n'étions plus que deux et les autres se réclamaient eux aussi du centre. Il a fallu accepter de faire un groupe "Union du centre", sinon nous n'avions pas de moyens. »

Jean-Luc Bourgeot (divers droite) lui aussi nouvel élu, n'hésite pas à prévenir : « Pendant la campagne (...), on m'a catalogué UMP alors que je n'ai pas ma carte, c'est un peu gênant. Moi par contre, je n'ai pas honte de dire que je suis de droite ! »

Cette opposition débute donc son mandat sur une situation cacophonique. Entre les étiquetés UMP, qui ne s'assument pas de droite, les non-encartés qui s'assument de droite, les UMP ou Nouveau centre purs et durs, le centriste pur et dur... Serait-ce une première image de l'union de façade sans doute promise pour les prochaines élections régionales ?

Une certitude, la volonté manifeste de tromper et manipuler l'électeur. Alors non, Madame Le Callennec, ce n'est pas être « dépassé » que de raisonner en politique, c'est la base de son fondement. Ce que l'on aurait voulu savoir (« en plus ou en moins ») c'est ce que veut dire « centriste de l'UMP » ? La notion même d'étiquette politique de « centriste » est une volonté manifeste de se présenter en rupture face à la droite conservatrice, cela est valable pour la plupart des démocraties !

Mais tout ce manège de « je cache mon étiquette quand elle me dessert » est propre au petit manège de politique « politicienne », comportement que les citoyens tendent manifestement à éradiquer localement. C'est en tout cas l'un des messages clairs que les électeurs ont envoyé lors de ces scrutins à l'échelle nationale. On veut bien comprendre que la droite bretonne soit plus modérée que la droite alsacienne ou niçoise, mais ses représentants ont fait campagne et/ou votent les réformes de Nicolas Sarkozy au même titre que leurs homologues alsaciens ou niçois ! Donc « Centriste de l'UMP » ou « centre droit », ce n'est pas « le Centre » ! Tout cela s'apparente à de l'usurpation d'identité politique.

Enfin, l'argument de l' « apolitisme » pour les élections locales ne tient pas au-delà de la vie quelques petits villages. La loi électorale stipule le seuil de 3500 habitants pour attribuer des étiquettes politiques aux élus municipaux. Elle pourrait même, selon nous, abaisser ce seuil, pour nombre de territoires, car dans les assemblées intercommunales, il n'est difficile pas de savoir qui siège dans la majorité où dans l'opposition. Il serait, de même, plus transparent, dans l'optique des élections sénatoriales, que les électeurs sachent pour qui leurs élus vont apporter leurs suffrages. A moins qu'encore il s'agisse d'une élection « apolitique » ? ...

Par Céline et Jérémy 

Sources :

L'Ille-et-Vilaine a une gauche, un centre mais plus de droite Par Chloé Leprince (Rue89) 

Municipales et Cantonales : Du local au global

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