CITOYENS DU MONDE

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Municipales 2008 Vitré : Le Bilan de Pierre Méhaignerie (UMP) – Acte 2

 

La rédaction de Ouest France (Vitré), dans son édition 3 janvier, avait recueilli les réactions de 6 conseillers municipaux. Chacun y avait tenté de dresser un bilan du mandat de l'équipe sortante. A partir de cet article et des autres données dont nous disposons nous avons établi un premier bilan de l'équipe municipale vitréenne sortante sur les thèmes du logement, l'urbanisme, la vie dans les quartiers, la circulation, les transports, et l'environnement (voir article Acte 1 du Bilan).

Dans cet acte 2, nous mettrons en exergue la situation de l'emploi et de la politique sociale…

 

 

 

Emploi :

 

Les objectifs fixés dans le programme de Pierre Méhaignerie en 2001 étaient : de « contribuer à faire diminuer le chômage, diversifier l'emploi, réduire la précarité et faciliter les trajets domicile-travail ». Le taux de chômage était alors de 4,5% « soit deux fois inférieur à la moyenne française ».

 

Sans grande surprise donc, sur ce point, les élus de la majorité interrogés félicitent unanimement l'action du maire : « Avec un taux de chômage proche des 4 %, on peut difficilement faire mieux. » estime Marie Cécile Duchesne (Majorité sans étiquette). « Un très bon chiffre grâce à la politique de la ville d'aider l'extension d'entreprises existantes comme Lactalis ou en favorisant l'implantation de nouvelles entreprises de service, à l'image de Webhelp. » ajoute Michel Gasnier (Majorité UMP).

 

Seul Pierrick Morin (élu vert de l'opposition) tempérera ces chiffres. Certes « Le taux de chômage est bas mais le bassin d'emplois est fragile : 58 licenciements sont prévus à Coudémail et 43 postes sont supprimés chez Noël. Les conditions de travail sont difficiles également : temps partiels, horaires décalés, peu d'expression syndicale, salaires proches du Smic, beaucoup de contrats CDD et d'intérimaires. ».

 

 

Le taux de chômage

 

Ce taux de chômage officiel extraordinaire de 4,2%, est souvent cité en exemple, et les vitréens ne peuvent que se ravir ce quasi-plein emploi. Certes taux de chômage « officiel » a baissé, mais il ne faut pas négliger l'influence des nouveaux modes de calcul sur celui-ci. En effet, actuchomage.org nous alarmait sur un certain de nombre de procédés visant à baisser artificiellement ce taux. Allant de la radiation parfois abusive des chômeurs, en passant par le recours massif à l'emploi précaire ou encore encourager les chômeurs à utiliser leurs congés parentaux, partir en formation ou créer une entreprise sans pour autant s'assurer du suivi et de l'aide nécessaire que ces mesures requirent pour le demandeur d'emploi… Ce ne sont pas donc les mesures en elles-même qui sont à contester, mais le fait que le demandeur d'emploi engagé dans ces programmes ne soit plus comptabilisé dans le taux de chômage officiel. Ce taux exclu, également tous les demandeurs d'emplois ne recherchant pas de CDI à temps plein, tous les demandeurs d'emplois non indemnisés (de plus en plus nombreux du fait des procédures de radiation, les jeunes fraîchement diplômés n'ayant pas encore cotisés…) et les RMIstes. La population réelle de demandeur d'emploi est une donnée très difficile à obtenir, et encore plus à l'échelon local.

 

 

La précarité du travail

 

L'élu vert, dans son intervention, a mis le doigt sur plusieurs points : la fragilité du bassin d'emploi, les conditions de travail difficile, le recours massif au temps partiels et aux contrats précaires, les horaires décalés, les bas salaires et la faible expression syndicale. Ces dires se sont d'ailleurs vu confirmer et ont été développé dans un récent article du Ouest France du 17 Janvier au titre choc : « Au Pays de Vitré c'est la galère des licenciés ». S'appuyant sur la présentation et la remise du rapport de la CFDT Vitré à propos des reclassements suites aux licenciements de Texier et Coudémail en 2005.

Commandé et financé par la municipalité de Vitré (et c'est tout à son honneur), la remise du rapport n'a pas pour autant intéressé Pierre Méhaignerie ou l'un de ses adjoints, au point de se déplacer, et cela malgré l'invitation de la CFDT.

 

Mais au-delà, c'est le contenu du rapport qui fait polémique. Ouest-France se questionne même « Miracle économique ou vitrine qui cache la forêt ? ». La CFDT de l'union du Pays de Vitré dénonce : « l'importance de la précarité dans ce pays de Vitré où le taux de chômage est annoncé à près de 4 % » et où « le SMIC devient la référence des salaires ». Le syndicat, pas nécessairement le plus étiqueté à gauche, se positionne de front fasse aux idées dominantes des sphères gouvernementales stigmatisant le demandeur d'emploi : « pour tout le monde, on peut dire qu'il existe une véritable volonté de travailler, de retrouver (ndlr : un emploi). Il est faux de dire que les gens sont contents de leur situation et qu'ils ne veulent plus travailler. C'est faux. »

 

Ouest-France ajoute : « Alors quand ils retrouvent un emploi dans ce Pays à dominante industrielle où l'agro-alimentaire pèse lourd, "c'est majoritairement un environnement de travail dégradé, du temps partiel subi (il n'y a rien d'autre)", note Marcel Jouault, de l'union de Pays. Les primes disparaissent. Personne ne retrouve une protection sociale équivalente à celle qu'il avait avant. On impose des jours de congés. Et bien souvent, le mal être persiste et s'installe. On aboutit à des carrières accidentées. Pour nous, c'est clair, le problème de l'emploi est largement sous-évalué en Pays de Vitré. »

 

Pour abonder dans le sens de Ouest-France et de la CFDT, nous ajouterons même ce chiffre : 11. Et oui 11, c'est le nombre d'agences d'intérim situées à Vitré. C'est dire l'importance du travail précaire sur la ville et son pays.

 

 

Les aides distribuées aux entreprises

 

Vitré communauté occupe la cinquième place au plan national en ce qui concerne le plus bas taux de taxe professionnelle. Elle offre aussi des aides particulièrement intéressantes pour l'implantation ou l'expansion d'entreprises. Mais les critères d'attribution sont plus flous. De nombreuses municipalités ou intercommunalités ont (ou feront) le choix d'attribuer des subventions en fonction de critères sociaux ou écologiques. Quand est-il à Vitré ?

 

L'idée d'une réforme du taux de la taxe professionnelle fait son chemin, Ouest France du 3 décembre en faisait écho.  

 

Ces derniers mois, la presse locale a largement médiatisé à l'implantation de Webhelp (sous traitant de Virgin Mobile), un centre d'appels téléphoniques, qui serait une réponse à une forte demande d'emploi féminin dans le bassin vitréen (OF 12/12/07)  et envisage la création de 200 emplois sur 3 ans (OF 06/09/07). Vitré Communauté a construit 3000 m² de bâtiment dont 2000 m² pour accueillir l'entreprise. Mais il semble étonnant aujourd'hui de croire encore au développement de ce secteur économique. C'est une activité très concurrentielle, déjà largement délocalisée dans les pays francophones du sud, à moindre coût. D'ailleurs, Webhelp s'est déjà implantée au Maroc et en Roumanie, où les emplois se comptent en milliers en non en centaines (relationclientmag.fr). L'entreprise était de la délégation française en déplacement avec le président Sarkozy en Algérie début décembre et envisage de s'y implanter.

On peut aussi évoquer une certaine exaspération des usagers du téléphone concernant le véritable harcèlement qu'ils subissent désormais avec la multiplication de ces appels commerciaux parfois même racoleurs… Ce qui pourrait abonder dans le sens d'une non pérennité de ce type d'activité.

Le collectif ViVA exprime ses inquiétudes quant aux « conditions horaires exigeantes (le centre sera ouvert 7 jours sur 7, 24h sur 24) qui ne paraissent pas des plus adaptées notamment pour des mères de famille. De plus les deux jours de repos consécutifs ne seraient pas acquis ».

 

 

On espère cependant que les emplois générés soient les plus durables possibles pour les salariés. Faut-il encore rappeler, l'affaire de la délocalisation de Mitsubishi en Chine ? Et cela, malgré les nombreuses aides financières et infrastructurelles qui lui ont été versés. L'entreprise a laissé tomber près de 800 salariés. Elle n'a pas remboursé la ville non plus pour ses aides… bref, pour reprendre les propos de Nicolas Sarkozy : c'était un « patron voyou ».

 

Posons nous une question… A toujours vouloir proposer une fiscalité basse et aider autant à l'installation d'entreprises, quels entrepreneurs attirent-on ? Ces derniers ne viennent pas nécessairement que pour la qualité de vie vitréenne et la qualité de sa main d'œuvre, mais sans doute davantage pour les quelques marges supplémentaires qu'ils vont pouvoir engranger ainsi (en plus des bas salaires et des contrats précaires…).

 

Très flatteur, au premier abord, le bilan « emploi » de Pierre Méhaignerie, n'est pas à la hauteur des éloges qu'en faisait Nicolas Sarkozy (interieur.gouv.fr) : « un territoire français à dominante industrielle qui parvient à se maintenir au seuil du plein emploi malgré la disparition d'une très grande entreprise, cela semble tenir du miracle. » De miracle il n'est rien, Pierre Méhaignerie encourage manifestement la précarité de l'emploi afin afficher le plus faible taux de chômage possible. Cette même instabilité de l'emploi a pour effet direct d'abaisser le taux de syndicalisation au sein de l'entreprise, rendant ainsi inaudibles toutes critiques ou revendications même justifiées.

 

 

La politique sociale et sanitaire

 

Michel Gasnier (majorité UMP) loue l'action de la municipalité sur le plan social : « Depuis 2001, la Maison de l'enfance et la maison de quartier de Maison-Rouge ont vu le jour. L'épicerie sociale également. Nous avons également favorisé le maintien des personnes âgées chez elle en développant le portage des repas. »

 

Dans les derniers projets vantés par le journal municipal, on y retrouve l'épicerie sociale (inauguré en grande pompe par Martin Hirsch – c'est bien pour la médiatisation avant les municipales...) et l'auto école sociale. De bons programmes en soi. Il s'agit de permettre aux plus démunies de consommer à prix préférentiels ou de pouvoir passer son permis de conduire, le sésame nécessaire pour travailler dans une société basée sur le tout voiture.

 

Sur le plan de la petite enfance, « Il manque une crèche municipale à Vitré. » comme le souligne l'élue de la majorité Marie-Cécile Duchesne. Le besoin est criant. Seule une association offre une vingtaine de place aux moins de 3 ans. L'entreprise SVA-Jean Rozé a ouvert sa propre crèche d'entreprise. Elle permet de répondre aux besoins de ses salariés ayant parfois des horaires atypiques. Pour les autres salariés du bassin vitréen, c'est la débrouille avec le baby-sitting. L'association ADMR propose bien le compléter le dispositif pour assurer une aide à domicile tôt le matin ou tard le soir, mais le dispositif global est véritablement insuffisant. (site Mairie de Vitré 

 

Il ne faut pas oublier l'énorme travail sur le plan social fait par les associations vitréennes. Ouest-France alarmait la population locale sur la forte augmentation des bénéficiaires des restos des cœurs de vitré (OF 08/01/08), ainsi que sur le manque de structures d'accueil d'urgence pour les Sans Domicile Fixe (OF 23/01/08).

 

Sur le plan sanitaire, le programme EPODE, même si ses résultats peuvent apparaître mitigés, mérite d'exister. Peut-être manque-t-il un peu de moyens ou d'ambitions, dans tous les cas c'est une excellente idée de travailler sur la problématique de l'obésité infantile. Ne mériterait-il pas d'être étendu à d'autres maux tels l'anorexie ou la boulimie ? L'apprentissage de la nutrition est une des clés pour un maintient en bonne santé. (OF 21/01/08)

 

Les agents hospitaliers de la maison de retraite exprimaient aussi leur colère lors d'une réunion du conseil municipal en octobre dernier (OF 20/10/07) face au manque de moyens dont ils disposent pour répondre à la charge de travail que représente la prise en charge de la dépendance : « à Vitré on crée une situation de maltraitance institutionnelle. » s'alarmait Nicole Gardan, secrétaire du syndicat CFDT santé-sociaux.

 

La politique de Pierre Méhaignerie manque de transversalité. Le meilleur moyen pour assurer une politique économique et sociale cohérente serait par exemple d'innover en matière d'Economie Sociale et Solidaire. Cela permettrait de créer des emplois durables et réellement non-délocalisables. Edgar Morin a lancé le chiffre de 300 000 empois à créer rien que dans le secteur d'aide aux personnes âgées. Mais vouloir « mieux » plutôt que « plus » fait-il vraiment parti du programme de l'UMP ? Pourquoi ne pas s'orienter vers le développement d'emplois portant sur les questions de la protection de l'environnement ou de l'innovation du développement des technologies du développement durable ? Si un territoire attire des entreprises à consciences sociales et écologiques, le bassin d'emplois ne s'en portera que mieux, et cela permettrait de réellement diversifier l'emploi… les conditions de travail des salariés ne pourront que s'en trouver améliorer.

Par Céline et Jérémy



26/01/2008
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