CITOYENS DU MONDE

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La Belgique et ses querelles communautaires

 

Hier, au 121ème jour, la rentrée parlementaire s'est pour la première fois déroulée avec l'absence du premier rang réservé aux membres du gouvernement. En direct sur la RTBF, les questions fusent au parlement. Les interventions du Vlaams Belang « ne seront pas diffusées pour des raisons sanitaires » prévient le journaliste (le même qui avait annoncé que Sarkozy n'avait visiblement pas bu que de l'eau...). Et là, on pointe au coeur du mal qu'éprouve la Belgique.

 

Le Vlaams Belang est le principal parti d'extrème-droite flamande. Il réalise des scores généralement proches du FN dans le Sud-Est de la France. Il participe à des majorités communales en Flandre. Sur fond de chants néo-nazis, ils organisent régulièrement des manifestations anti-francophones dans la périphérie bruxelloise. La dernière en date, il y en a chaque week-end, fut encore l'occasion de déchaîner des slogans haineux tels que : « les francophones sont des rats, Belgique crève, Bruxelles ville flamande... ». Mais plus grave, leurs idées nationalistes sont largement partagées par la droite libérale flamande.

 

photo RTBF 

 

Des résultats qui penchent à droite

 

Quatre mois que les élections législatives (renouvellement des deux assemblés fédérales : Chambre et Sénat) se sont déroulées depuis le scrutin et toujours pas de gouvernement en vue. Une majorité de droite semble s'être dessinée. Celle-ci baptisée « Orange-bleue » éprouve les pires difficultés à trouver des terrains d'entente pour former une coalition gouvernementale. Cette majorité (CDH, MR, Open VLD et CD&V/NV-A) compterait 81 sièges sur les 150 de la chambre. Il manquerait 19 sièges pour atteindre une majorité des deux tiers permettant de voter les réformes institutionnelles souhaitées par les partis flamands.

 

La campagne électorale, coté flamande a essentiellement porté sur les conflits dit « communautaires ». La droite flamande (cartel CD&V/NV-A, 30 sièges), gangrenée par ses divers courants flamingantistes (nationaliste flamand) a clairement gagné les élections en Flandre. La volonté de scission semble plus que jamais aujourd'hui réelle et le point de non-retour atteint avec les wallons. Le Vlaams Belang et la liste Dedecker (extrème-droite nationaliste, 17 et 5 sièges) pèseront beaucoup malgré un « cordon sanitaire » les excluant de toute participation à une majorité fédérale. Groen, les Verts flamands reviennent à la chambre avec 4 représentants. Les socialistes flamands (SP A / Spirit) et le centre-droit (open VLD) reculent encore et n'ont que 14 et 18 représentants.

 

Coté francophone, la campagne électorale française a beaucoup pesé et Didier Reyders (MR - libéral) a cherché à s'afficher la sympathie de Nicolas Sarkozy. Le MR (23 sièges) et le CDH (centre-droit, 10 sièges) ont remporté une large majorité. Le PS (20 sièges), historiquement majoritaire coté wallon, a perdu nombre de sièges car empêtré dans des affaires de corruption sur la ville de Charleroi. Il a cependant bien résisté sur Liège. Ecolo, les Verts wallons ont doublé leur représentation fédérale (8 sièges) et affiche une santé à en faire envier leurs homologues français... Le FN, marginal en Wallonie et Bruxelles aura tout de même un siège.

 

 

Joelle Milquet (CDH) et Didier Reynders (MR)    Elio Di Rupo (PS)

photo Reuters                                                    photo Levif.be

 

L'actuel formateur et sans doute futur premier ministre, nommé par le Roi Albert II, Yves Leterme (CD&V/N-VA), a repris les négociations en vue de former un gouvernement qu'il dirigerait. Il est cependant très peu populaire coté francophone. Malgré son nom francophone et son bon usage de la langue des diplomates, il est très connu pour ses prises de positions anti-francophones.

 

Bruxelles... le coeur du problème ou le symbole de l'unité ?

 

 

Carte des régions :                        Carte des communautés :

Flandre en vert                              Flamande en vert

Bruxelles Capitale en bleu              Francophone en rouge

Wallonie en rouge                          Germanophone en bleu

 

Bruxelles, pour tous les européens, c'est la capitale de l'Union, sans conteste une image dynamique d'une capitale forte. Mais Bruxelles est très majoritairement francophone ou plutôt multilingue (français, flamand, néerlandais, anglais, allemand...) et est enclavée en Flandre. Comme toutes les villes européennes dynamiques, elle s'étend au delà de son périphérique majoritairement situé... en Flandre ! Des Bourgmestres (Maires en France) francophones ont même gagné dans des communes flamandes. Ces derniers attendent d'ailleurs toujours le décret de nomination les concernant. Les flamingants n'ont jamais caché ce qu'il projetait pour la région bruxelloise : une défrancophonisation progressive ! Yves Leterme lui-même a eu des propos assez scandaleux à se sujet. Celle-ci démarre déjà avec l'épineux dossier de « Bruxelles - Halle - Vilvoorde ». C'est une circonscription administrative de Flandre, en périphérie de Bruxelles, qui permet un régime de facilité d'accès aux services publics et à la citoyenneté pour les francophones. Une quasi-unanimité des partis flamands souhaite l'anéantissement de ce régime à facilités tant pour la périphérie bruxelloise que pour les communes limitrophes de la frontière linguistique fixée de manière très hasardeuse en 1963.

 

Les partis francophones souhaiteraient un élargissement territorial de la Région Bruxelloise quitte à affirmer le caractère multilingue de l'agglomération et incorporer des communes très majoritairement flamandes, ce qui est catégoriquement refusé par les partis flamands très soucieux de leur intégrité territoriale. Le programme flamingant est clair : ils souhaitent asphyxier Bruxelles et commencer par la vider de ses compétences fédérales belges.

 

Mais Bruxelles ne peut nier irrémédiablement sa géographie, elle est le coeur et le poumon économique de la Belgique et son hinterlands direct : le Brabant, qui est une région bilingue, majoritairement flamande au nord et francophone au sud ! Mais séparée par une stupide frontière linguistique retracée en 1963 et qui ne tient nullement compte des modifications démographiques connues depuis avec les mouvements de périurbanisation. 

 

 

Notre regard de bretons installés depuis deux mois à Liège

 

Nous voyons de plus en plus de drapeaux belges aux fenêtres et la RTBF a annoncé que le phénomène prenait une grande ampleur à Bruxelles. Les belges sont très attachés à leur Royaume. Il y a certes de réelles disparités entre la Flandre et la Wallonie à commencer par le taux de chômage (5% contre 17%). Ces chiffres paraissent impressionnant mais ils cachent un certain nombre de réalités qu'il ne faut pas soustraire du débat : l'économie wallonne souffre des mêmes symptômes que leurs régions frontalières du nord-est de la France où les taux de chômage sont similaires. La Flandre est, quand à elle, boostée par les économies portuaires (Zebruges et Anvers) et diamantaires (Anvers) tout en profitant du dynamisme de la périphérie Bruxelloise. Nous vous encourageons à approfondir la question par la lecture d'une lettre du citoyen flamand Paul Cobut, poète bilingue de profession et éminent intellectuel adressé à Yves Leterme, futur Premier Ministre et donc chef de l'Etat Fédéral Belge. Nous vous mettons également le lien vers le très célèbre et désormais culte document-fiction réalisé par la RTBF l'année dernière.

 

Lettre à Mr Leterme de Paul Cobut 

Document-fiction RTBF

Revoir l'émission d'Arrêt sur Images qui traitait de ce canular

 

Par Céline et Jérémy



10/10/2007
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